Oui, nous pouvons poser du carrelage sur un ancien carrelage, mais cette technique nécessite de respecter certaines conditions strictes pour éviter les déconvenues. Cette solution présente des avantages indéniables comme la rapidité d’exécution et l’économie réalisée, mais elle comporte aussi des risques qu’il faut absolument connaître avant de se lancer. Voici les points essentiels à retenir :
- L’ancien carrelage doit être en parfait état
- La préparation du support est déterminante
- L’épaisseur supplémentaire modifie les dimensions de la pièce
- Tous les types de carrelage ne conviennent pas à cette méthode
Nous allons vous expliquer dans quelle mesure cette technique peut convenir à votre projet et vous donner tous les conseils pour réussir ou éviter cette pose particulière.
Pourquoi poser un nouveau carrelage sur l’ancien ?
Cette méthode séduit principalement par sa praticité. Nous constatons que nos lecteurs apprécient d’éviter les travaux de démolition, particulièrement bruyants et salissants. La pose directe permet de diviser le temps de chantier par deux, ce qui représente un avantage considérable quand on souhaite rester dans son logement pendant les travaux.
L’aspect économique constitue un autre atout majeur. En supprimant l’étape d’enlèvement, nous économisons entre 15 et 25 euros par mètre carré selon les régions. Pour une pièce de 20 m², cela représente une économie de 300 à 500 euros uniquement sur la main-d’œuvre.
Cette solution s’avère également plus respectueuse de l’environnement puisqu’elle évite la production de gravats. Un carrelage traditionnel génère environ 20 kg de déchets par mètre carré lors de sa dépose, soit 400 kg pour une cuisine standard.
Est-ce toujours possible de coller du carrelage sur du carrelage ?
Non, cette technique n’est pas universelle. L’ancien revêtement doit répondre à des critères stricts que nous vérifions systématiquement. La planéité représente le premier critère : nous tolérons un écart maximum de 3 mm sous une règle de 2 mètres. Au-delà, un ragréage devient indispensable.
La solidité de l’ancien carrelage s’avère tout aussi importante. Nous testons chaque carreau en tapotant avec un maillet : un son creux indique un décollement qui compromet la stabilité de l’ensemble. Les carreaux fissurés ou ébréchés doivent être remplacés avant toute pose.
L’état des joints joue également un rôle déterminant. Des joints dégradés ou manquants créent des zones de faiblesse où l’humidité peut s’infiltrer. Nous recommandons de refaire entièrement les joints si plus de 10% d’entre eux présentent des défauts.
Quels sont les vrais inconvénients à connaître ?
L’épaisseur supplémentaire constitue le principal inconvénient de cette méthode. Nous ajoutons généralement entre 8 et 12 mm d’épaisseur totale (colle + nouveau carreau), ce qui peut créer des difficultés pratiques importantes.
Les portes représentent souvent le premier problème rencontré. Nous devons fréquemment les raboter de 10 à 15 mm, ce qui nécessite de les démonter et peut compromettre leur étanchéité. Les portes coulissantes posent des difficultés particulières car leur rail de guidage se trouve décalé.
La surcharge pondérale préoccupe également les structures anciennes. Un carrelage grès cérame de 10 mm pèse environ 22 kg/m², auxquels s’ajoute le poids de la colle (3 à 4 kg/m²). Sur un plancher bois ou une dalle légère, cette surcharge peut dépasser les capacités portantes.
Les seuils de porte nécessitent souvent un réajustement. Nous devons adapter leur hauteur pour assurer une transition harmonieuse entre les pièces, ce qui génère des coûts supplémentaires non négligeables.
Quels types de carrelage sont adaptés à cette pose ?
Les carreaux minces, appelés “slim”, représentent le choix optimal pour cette technique. Avec leur épaisseur de 3 à 6 mm, ils limitent la surélévation du sol. Nous les recommandons particulièrement pour les grès cérames qui offrent une excellente résistance malgré leur finesse.
Les carrelages clipsables constituent une alternative intéressante, notamment les LVT (Luxury Vinyl Tiles) de haute qualité. Leur épaisseur de 5 mm maximum et leur facilité de pose séduisent les bricoleurs. Néanmoins, nous restons prudents sur leur durabilité à long terme dans les zones de fort passage.
Les formats moyens (30×30 ou 40×40 cm) s’avèrent plus adaptés que les grands formats. Ces derniers nécessitent une planéité parfaite que l’ancien carrelage ne peut pas toujours garantir, même après préparation soignée.
Quelles précautions avant de commencer les travaux ?
La préparation du support conditionne la réussite de cette pose particulière. Nous commençons toujours par un nettoyage approfondi à la lessive dégraissante, suivi d’un rinçage abondant. Les traces de savon ou de graisse compromettent l’adhérence de la colle.
Le ponçage léger de la surface améliore l’accrochage, particulièrement sur les carrelages émaillés très lisses. Nous utilisons un papier abrasif grain 120 pour créer une rugosité suffisante sans endommager le support.
L’application d’un primaire d’accrochage s’avère indispensable. Ce produit spécifique améliore l’adhérence de la colle sur les surfaces peu poreuses. Nous laissons sécher 24 heures avant d’entamer la pose proprement dite.
Quels problèmes peuvent apparaître avec le temps ?
Les décollements représentent le risque principal de cette technique. Ils surviennent généralement dans les 2 à 5 ans suivant la pose, principalement dans les zones humides ou soumises aux variations thermiques importantes.
L’humidité piégée entre les deux couches peut provoquer des désordres importants. Sans évacuation possible, elle favorise le développement de moisissures et peut dégrader progressivement les colles. Ce phénomène s’observe particulièrement dans les salles de bains mal ventilées.
Les fissures de retrait apparaissent parfois au niveau des joints. Les mouvements différentiels entre l’ancien et le nouveau carrelage créent des contraintes qui se traduisent par des microfissures évolutives.
Quels ajustements sont nécessaires dans la maison ?
Les plinthes nécessitent systématiquement un réajustement. Nous devons généralement les rehausser ou les remplacer par des modèles plus hauts pour masquer la surépaisseur. Cette opération représente un coût supplémentaire de 8 à 15 euros par mètre linéaire.
Les appareils électroménagers encastrés posent souvent des difficultés. Un lave-vaisselle ou un four peuvent ne plus rentrer dans leur emplacement après la surélévation du sol. Nous devons alors prévoir des ajustements de menuiserie parfois coûteux.
Les canalisations apparentes nécessitent une attention particulière. Les arrivées d’eau des radiateurs ou les évacuations peuvent se retrouver en position inadéquate, nécessitant l’intervention d’un plombier.
Quelle alternative à la pose d’un second carrelage ?
La peinture spéciale carrelage constitue l’alternative la plus économique et la plus simple. Pour 3 à 8 euros par mètre carré, elle permet de transformer complètement l’aspect d’un carrelage en bon état. Cette solution convient particulièrement aux budgets serrés ou aux locations.
Le béton ciré représente une option moderne et esthétique. Son épaisseur de 2 à 3 mm limite les problèmes de surélévation tout en offrant un aspect contemporain très apprécié. Le coût varie entre 40 et 80 euros par mètre carré selon la finition choisie.
Les résines époxy offrent une résistance exceptionnelle, particulièrement adaptée aux cuisines professionnelles ou aux zones de fort passage. Leur prix plus élevé (60 à 120 euros/m²) se justifie par leur durabilité remarquable.
Faut-il faire appel à un professionnel ?
Nous recommandons fortement l’intervention d’un professionnel pour cette technique particulière. La préparation du support et le choix des produits nécessitent une expertise que seule l’expérience peut apporter. Un carreleur qualifié identifie immédiatement les contre-indications qui échappent souvent aux particuliers.
La garantie décennale constitue un avantage non négligeable. En cas de problème structural, cette couverture protège le propriétaire contre des réparations potentiellement coûteuses. Le surcoût de la main-d’œuvre professionnelle se justifie souvent par cette sécurité.
Les professionnels disposent d’outils spécialisés pour vérifier la planéité et l’adhérence de l’ancien carrelage. Ces équipements, coûteux pour un usage ponctuel, garantissent un diagnostic fiable et une pose durable.
Verdict : vaut-il mieux recouvrir ou remplacer ?
Cette technique convient principalement aux petites surfaces en excellent état, dans des pièces sèches et peu sollicitées. Nous la déconseillons formellement dans les salles de bains, les cuisines ou les entrées où les contraintes sont importantes.
Pour les grandes surfaces ou les pièces humides, nous privilégions la dépose complète malgré son coût supérieur. Cette solution garantit une durabilité optimale et permet de traiter d’éventuels problèmes cachés sous l’ancien revêtement.
Voici un tableau comparatif des rénovations de carrelage :
Critère | Pose sur ancien carrelage | Dépose complète | Peinture carrelage | Béton ciré |
Coût moyen/m² | 25-45€ | 45-80€ | 3-8€ | 40-80€ |
Durée des travaux | 1-2 jours | 3-5 jours | 1 jour | 2-3 jours |
Épaisseur ajoutée | 8-12 mm | 8-10 mm | 0 mm | 2-3 mm |
Durabilité | 10-15 ans | 20-30 ans | 5-8 ans | 15-25 ans |
Difficulté pose | Moyenne | Élevée | Facile | Élevée |
Nuisances chantier | Faibles | Importantes | Très faibles | Moyennes |
Adaptation pièces humides | Déconseillé | Recommandé | Possible | Recommandé |
Résistance passage | Moyenne | Excellente | Faible | Très bonne |
Personnalisation | Limitée | Totale | Moyenne | Très bonne |
Le choix dépend finalement de votre budget, de vos contraintes de temps et de vos exigences de durabilité. Nous vous conseillons de faire évaluer votre situation par un professionnel qui pourra vous orienter vers la solution la plus adaptée à votre projet spécifique.